Three years, Hon!...
Il y a trois ans commençait une aventure sans pareille ! Mes quarante kilos de valise et moi, pleine d'angoisse, nous apprêtions à nous installer sur la Terre de l'Oncle Sam pour une durée indéterminée... Une décision peu banale pour une Lilloise pure souche qui n'était jamais sortie de sa terre chtie natale plus d'un mois ! Mais une étape indispensable dans le parcours d'un chercheur...
Trois ans, ce furent quatre DS-2019 et trois visas (dont un sur lequel je me suis autorisée un petit sourire en coin), quatre allers-retours en France (et seulement une fois pour des vacances), huit tampons des services d'immigration américains dans mon passeport (avec autant de photos et de prises d'empreintes), trois appartements dans trois quartiers différents, deux blogs, 718 articles et 1374 commentaires, une demi-douzaine de clichés démontés (non, les Américains ne sont pas tous obèses, ils ne détestent pas les Français, ils ne portent pas tous un chapeau de cow-boy, ni des armes et n'ont pas tous votés pour Bush) et une autre demi-douzaine confirmés (oui, ils se nourrissent mal et cuisinent rarement, boivent du soda à volonté, sont fans de foot américain, sont patriotiques à l'extrême (sans toutefois être nationaliste !), très religieux, conduisent de grosses voitures, et ont un système de santé particulièrement arriéré). Ce furent aussi une cinquantaine de burgers, de cookies, de litres de Coca-Cola (j'ai arrêté de compter précisément après les six premiers mois) mais très peu de fast foods et pas un gramme en plus sur la balance (et un cliché de plus démonté sur les expatriés aux Etats-Unis) !...
Pendant ces trois ans, j'ai rencontré, discuté et travaillé avec des personnes d'au moins 18 nationalités différentes, et lié au moins autant d'amitiés, visité huit des plus grandes villes américaines, parcouru l'équivalent de quatorze fois la France en voyageant uniquement sur le sol américain (de quoi réévaluer la distance qui me sépare de mes amis du Sud de la France).
J'ai pris mes marques dans cette ville étrangère qu'était Charm City, dépassant les mauvais a priori pour apprendre à l'aimer, quartier par quartier. J'ai appris où acheter mon beurre Président, mon fromage et ma baguette, comment remplacer ma crème fraiche et mes lardons pour faire une quiche très "correcte" (en bonne Française que je suis), où faire du shopping, quelles sont mes marques préférées, où manger un délicieux burger, où boire un verre de vin en terrasse, où pique-niquer, où bruncher, où me ballader, et où ne pas mettre les pieds à Baltimore. J'ai trouvé mon restaurant préféré pour toutes les cuisines du monde (j'ai d'ailleurs appris à me servir de baguettes), je me suis mise au yoga, je mange un bagel avec de la cream cheese presque tous les matins au petit déjeuner (mais avec la confiture maison de ma Maman tout de même !), et le cheesecake et le carrot cake sont devenus mes desserts préférés. Finalement, je crois que ça s'appelle se sentir chez soi, tout simplement, même si cela surprend encore mes amis et ma famille en France !...
Et si j'écris moins sur ce blog (en plus d'un manque de temps considérable !) c'est probablement parce que les choses me surprennent moins, tout me paraît plus naturel, les Etats-Unis sont devenus mon quotidien, tout doucement, sans pour autant altérer ma curiosité pour cette ville et ce pays d'adoption et tout en continuant à m'amuser régulièrement ! C'est ainsi que les Américaines qui sortent leur joli short à grosses fleurs et leurs tongues dès les premiers rayons de soleil début mars, ou mon immeuble qui, hier encore, proposait des séances de Doga (... Du yoga pour chiens... Vraiment ?...) me feront toujours (sou)rire...
Mais à l'aube de mon retour en France et alors que je passe probablement ma dernière année sur la Terre de l'Oncle Sam, je suis maintenant certaine que je rentrerai en France le coeur aussi lourd que lorsque je l'ai quittée, il y a de cela trois ans, jour pour jour...